Relevons le défi de notre jeunesse par Joël Mergui

C’est une nation jeune qui a accepté de remettre en question ses habitudes, ses certitudes, voire sa sécurité  pour la vie d’un seul, au motif que : « qui sauve une vie sauve l’humanité toute entière. »


Israël promeut sa jeunesse, l’écoute, l’encourage, mais surtout lui permet d’exprimer ses talents, ses ambitions et d’expérimenter ses solutions car c’est elle qui construira l’avenir. C’est parce qu’Israël a foi en sa jeunesse et lui fait confiance, que celle-ci est forte et inventive et plus que tout responsable.


Nous aussi en France, nous devons prendre la mesure de notre jeunesse. Nous devons décoder les messages de nos jeunes qui ne demandent qu’à agir, à prendre part à la vie communautaire, à endosser un rôle actif pour assurer la relève du judaïsme français.


Notre jeunesse nous lance un véritable défi que nous ne pouvons relever sans elle. Nos jeunes sont de mieux en mieux diplômés, de plus en plus impliqués dans la société civile et ses réseaux, de plus en plus concernés par les problèmes du monde. Paradoxalement, ils sont après leurs études, de moins en moins présents dans nos communautés qui, lorsqu’elles ne les intègrent pas dans le quotidien de la vie communautaire,  vieillissent et se meurent sans leur dynamisme.


Il y a urgence aujourd’hui -et j’en fais la priorité de mes priorités-, à reconsidérer la place des jeunes au sein de nos familles, de nos communautés et de nos institutions. Tant qu’ils sont dans le giron familial ou scolaire, nos jeunes restent dans la mouvance du judaïsme, dans la lignée de leur héritage familial. Or, sitôt qu’au sortir des études, ils sont exposés aux aléas du monde du travail et au foisonnement des rencontres et des opportunités, ceux dont l’identité n’a pas été suffisamment consolidée, se détachent progressivement des liens qui nous unissent à eux et se perdent en prenant le chemin de l’assimilation.


Non seulement leur perte est immense pour le judaïsme -qui considère que chaque vie possède un coût si élevé qu’elle se mesure à l’aune de l’humanité-, mais c’est aussi un manque terrible pour notre communauté qui se prive d’une partie de ses forces vives et restreint ses promesses de lendemains.



Voilà pourquoi il est primordial que chaque communauté digne de ce nom, se montre responsable de ses jeunes, les sorte de leur isolement et accepte de leur passer le relai en leur permettant d’agir en personnes responsables partout où ils pourront étancher leur soif de savoir, leur envie d’agir, et leur volonté de bâtir un avenir où le judaïsme et ses valeurs resteront toujours présents. Notre éternité dépendra de la place que nous saurons accorder à notre jeunesse.


(Extrait du journal Actualité Juive n°1184 du 10 novembre 2011)