L’école rabbinique de France

De l’Ecole rabbinique au Séminaire israélite de France

Par arrêté du 21 août 1829, le Consistoire central fonde l’Ecole centrale rabbinique dont les objectifs principaux sont d’apporter un enseignement religieux et profane de qualité aux élèves ainsi que de former les futurs rabbins à assumer leur pastorat auprès de communautés en pleine évolution.

Les enjeux sont essentiels car depuis leur citoyenneté obtenue en 1791 et les décisions doctrinales du Grand Sanhédrin de 1807, les Juifs entrent dans la voie de l’émancipation. Aussi, les notables consistoriaux souhaitent concilier le Code Civil avec la loi juive et, avec des rabbins éduqués selon les exigences de la société, régénérer les Juifs au sein de la nation.

L’ambition est donc religieuse, morale et politique. L’Ecole rabbinique rompt définitivement avec la traditionnelle école talmudique (yeshiva) où l’enseignement était exclusivement religieux et se faisait en yiddish alsacien. Désormais, la langue française avec ses auteurs classiques, les mathématiques, la philosophie et l’histoire sont enseignées au même titre que la Bible, le Talmud et l’hébreu. Les futurs rabbins doivent suivre une formation durant cinq années et posséder la nationalité française. Si le consistoire de Metz est chargé de recruter les professeurs et les élèves, le Consistoire central assume les ressources financières (ainsi que l’Etat de 1831 à 1905) et contrôle la qualité des études.

De 1830 à 1859, l’Ecole rabbinique siège à Metz, bastion de la religiosité judéo-française mais la communauté parisienne devenant de plus en plus importante, il est alors décidé de son transfert dans la capitale. Signe de l’acculturation, l’Ecole rabbinique devient le Séminaire israélite de France et est installée non loin du Quartier Latin tandis que le baccalauréat est exigé pour les candidats. Le niveau des études s’élève avec l’obligation de rédiger un mémoire à la fin des études. Outre l’hébreu, le grec et l’arabe sont enseignés tandis que la philosophie occidentale est complétée par celle des grands penseurs juifs.

D’illustres savants poursuivront leurs études ou enseigneront au Séminaire israélite comme l’arabisant Joseph Derenbourg, l’indianiste Sylvain Lévi, l’historien Robert Anchel et, plus récemment, le philosophe Emmanuel Lévinas et l’historien Gérard Nahon.

Avec la loi de Séparation de 1905, l’enseignement dispensé au Séminaire israélite demeure le même mais le Consistoire central doit assumer entièrement son fonctionnement ce qui devient possible grâce à l’aide financière accordée par le consistoire de Paris. Durant l’Occupation allemande, le Séminaire israélite se replie à Limoges et devient le « petit Séminaire ». Dix-sept rabbins et élèves périront au cours de la tourmente.

Au cours des années soixante, sous l’impulsion des rapatriés d’Afrique du Nord, le Séminaire israélite retrouve une dynamique qui avait été atténuée malgré la Libération du pays. Davantage d’élèves fréquentent le rue Vauquelin et, si l’enseignement profane est toujours de qualité, les matières talmudiques deviennent plus importantes afin de répondre aux nouveaux besoins de la communauté. Le Consistoire central, soucieux de préserver un rabbinat adapté aux besoins des fidèles et intégré dans la vie civile, exige toujours une formation conforme à la place du Juif dans la Cité pour les candidats.

Plus de 450 élèves ont ainsi été formés par les soins du Séminaire israélite de France qui désormais, nourrit des ambitions européennes puisque la communauté française est la plus structurée et la plus forte numériquement dans l’Europe des vingt-sept états.