Les textes et les pratiques qui fondent le Judaïsme depuis ses origines témoignent que les juifs ont eu très tôt le souci écologique de leur environnement. Ce que la modernité propose aujourd’hui comme une innovation conceptuelle est au cœur de la vision juive du monde depuis des milliers d’années. Loin de considérer le monde comme un réservoir de richesses à exploiter, le Judaïsme accorde à la nature au sens large, une vraie valeur – comme œuvre divine – que les hommes se doivent de respecter selon ses rythmes et ses processus de renouvellement distincts des nôtres.
Nouvel An des Arbres, Tou Bichvat marque le souci concret et constant du peuple juif pour sa terre d’origine et illustre dans le même temps combien la préoccupation écologique est liée à l’organisation sociale des hommes, autrement dit du peuple qui lui est attaché et s’y consacre de diverses manières.
Jusqu’au second Temple, Tou Bichvat a servi de date de référence pour fixer la dîme sur les arbres fruitiers. Les débats anciens autour du jour de maturité des fruits -critère pour prélever l’impôt pour l’année à venir ou en cours-, attestent que le souci écologique de la terre était déjà indissociable des questions agraires d’organisation mais aussi de justice sociale. Ce que confirme la taxe sur les récoltes par les tribus d’Israël qui, pour avoir reçu des terres lors du partage originel d’Israël, devaient être solidaires des prêtres qui assurent pour tous le service du Temple.
Or, le Judaïsme inclut un tel souci écologique de la Création qu’il prescrit des Lois universelles qui s’appliquent aussi bien à la terre, aux végétaux, qu’aux animaux ou aux hommes. Le chabbat par exemple se traduit par la jachère, année de repos agricole et les animaux autant que les hommes font relâche le septième jour.
Ces lois écologiques, de nature religieuse, forment un tout d’une unité exceptionnelle. Dans leurs dimensions agricoles elles proscrivent par exemple de brûler du bois d’Olivier ou des sarments de vignes au Temple pour en ménager les ressources. Dans leur version alimentaire, elles interdisent de cuisiner le chevreau dans le lait de sa mère ou de faire souffrir des animaux, même avant une digne mort, pour s’en nourrir.
Le Judaïsme conçoit le monde qui nous entoure et où nous vivons, comme un don et non comme un dû. Tou Bichvat fête cet héritage et celui de la terre d’Israël et nous contribuons à les transmettre de génération en génération.
(Extrait du journal Actualité Juive n°1197 du 9 février 2012)