L’histoire de notre peuple est celle d’une modernité sans cesse renouvelée, d’une conquête de la liberté acquise et constamment à acquérir. Réduit en esclavage au pays d’Egypte, soumis au décret d’extermination de Pharaon qui avait ordonné la mise à mort des nouveau-nés mâles, notre peuple a survécu au temps, à ses épreuves, comme aux volontés d’anéantissement ou d’assimilation.
Cette année encore, nous revivrons notre sortie d’Egypte, pour nous-mêmes et pour nos enfants, dont les plus jeunes poseront les traditionnelles questions « Ma nichtana halaïla hazeh mikol haleilot », en quoi cette nuit est-elle différente des autres nuits ? Quatre questions qui depuis plus de 3 000 ans nous relient à nos pères. Quatre questions qui, parce qu’elles sont posées par les plus jeunes de nos enfants, témoignent de notre indéfectible volonté de transmettre une histoire, une culture, un rituel, un culte, -notre identité-, par le récit de la naissance de notre peuple, comme Peuple Libre.
Or, cette année, en France, à Toulouse, les familles Sandler et Monsonégo seront privées des voix d’Arieh, Gabriel et Myriam pour poser les questions rituelles et entonner les chants de fêtes. Jonathan Sandler ne conduira pas le Seder qu’il aimait tant enseigner aux enfants. Un assassin a volé leur vie, froidement, le canon d’une arme posé sur leur tempe, parce qu’ils étaient juifs et que cela suffisait à ses yeux pour les assassiner.
En cette veille de Pessah, ces deux familles au cœur brisé nous envoient par delà leur deuil et leur incommensurable douleur un message de piété et un exemple de foi. Elles nous demandent d’inculquer à nos enfants l’amour du prochain, le goût de l’étude, l’hospitalité et la solidarité et nous implorent d’ajouter de la lumière en ce monde.
Leur courage et leur dignité nous encouragent à les suivre. N’ayons pas peur de les entendre, de leur offrir la consolation d’être tout ce que nous sommes et avant tout des juifs libres, sans renoncement à notre identité car il n’est de liberté qu’absolue, d’identité que totale, dans la pluralité de leurs richesses et de leurs voies.
En décidant de devenir un peuple libre, nous avions affirmé que nous ne cèderions jamais à l’injonction d’avoir à choisir entre notre sécurité et notre identité. Notre espoir, et notre persévérance à conquérir notre liberté -jusqu’au moment même de sortir d’Egypte- ont été la preuve éclatante que pour garantir notre existence nous n’étions pas prêt à nous renier et à abandonner notre foi.
Pessah nous enseigne comment avec l’aide de D.ieu tout un peuple s’est affranchi de l’esclavage, a conquis sa liberté et a erré avant de grandir assez pour être capable de se doter de ses propres lois. Pessah nous invite également à trouver dans notre histoire collective matière à espérer et à assumer notre identité à titre individuel et à ne jamais renoncer à emprunter le difficile chemin de la liberté sans croire devoir choisir entre vivre et être.