Nous sommes tous les légitimes héritiers de la Torah, par Joël Mergui

Nos sages nous enseignent qu’il y a plus de 2400 ans, au moment de recevoir la Torah sur le mont Sinaï, la totalité de la communauté était réunie sans qu’il ne manqua aucune de ses 600 000 âmes, car toutes, dans leur pluralité, étaient uniques et leur singularité indispensable.


La Loi garantit à tous l’égalité, en même temps qu’elle respecte la singularité de chacun. Si à Chavouot la Torah fut donnée à l’ensemble de la communauté, l’acceptation de ses commandements autrement dit de ses contraintes, fut acceptée à titre individuel par chacun des membres du peuple juif.


La force et la grandeur du Judaïsme résident justement dans un rapport à priori paradoxal entre la rigueur de la Loi et la liberté qu’elle offre. Parce que la Torah est Une, sa rigueur peut donner à penser qu’elle est intransigeante, exclusive, d’un rigorisme frisant l’intolérance ou le refus de toute modernité.


Le Sage sait qu’il n’en est rien. Il sait qu’il faut, dans la Loi, de la rigueur pour que la liberté et la diversité existent. Nos synagogues en sont tous les jours témoins, qui garantissent notre héritage pour les nations comme pour les générations futures de nos enfants. Tous les jours, le Consistoire se fait le reflet de la pluralité de notre identité, dont la richesse permet de considérer avec un égal respect, les plus pratiquants comme les moins pratiquants d’entre nous. Membre d’une même communauté, nous sommes tous,  tout autant légitimes et légitimés à recevoir la Torah, que nous allions un jour, tous les jours ou jamais à la synagogue. C’est pourquoi, dans toutes nos communautés, le Consistoire s’est fixé comme ligne de conduite la pratique quotidienne du devoir d’hospitalité et d’accueil. Le respect dû à chacun doit être identique pour tous parce que chacun, de par notre Loi,  est libre de ses choix, de positionner où bon lui semble le curseur de sa pratique, la limite de sa fidélité, le degré de son implication ou de son d’observance.


Parce qu’à Chavouot, la Torah fut donnée à chacun d’entre nous, n’oublions pas que nous sommes tous, à égalité, ses légitimes héritiers, et que notre diversité, reflet de la pluralité de notre identité, constitue l’une de nos plus belles richesses.

(Extrait du journal Actualité Juive – N°1211)