Cérémonie des voeux 5774

Cérémonie des voeux 5774

Le Ministre de l’Intérieur et des Cultes, Manuel Valls, a présenté mardi 10 septembre ses vœux à la communauté juive de France à l’occasion de la nouvelle année 5774, en présence d’Anne Hidalgo, Première Adjointe au Maire de Paris, de Brigitte Kuster, Maire du 17e arrondissement, de Michèle Sabban, Vice-Présidente de la Région Ile-de-France, de Yossi Gal, Ambassadeur d’Israël en France, d’élus, de préfets et de responsables communautaires.

Dans son allocution d’introduction, le Président du Consistoire, Joël Mergui a souligné la solennité de cette cérémonie ; une manifestation traditionnelle – la cérémonie des vœux existe depuis de nombreuses années – et exceptionnelle, de par sa localisation, au cœur du 17e arrondissement de Paris à l’emplacement du futur Centre Européen du Judaïsme.

Après avoir remercié le Ministre de l’Intérieur de sa présence, de son écoute permanente et de sa détermination à lutter contre l’antisémitisme, le Président, portant la voix des communautés juives d’Ile-de-France et de France, a évoqué la « montée de l’antisémitisme trop souvent nourri d’antisionisme », salué l’engagement des autorités publiques à assurer la sécurité aux abords des lieux de cultes, en particulier en ce moment de grande affluence dans les synagogues.

Joël Mergui a rappelé la devise du Consistoire, « Religion et Patrie » avant de déclarer : « Jamais, nous n’avons eu de difficultés, jamais nous n’avons eu à faire de choix entre notre foi et  la loi du pays. Nous avons su, avec intelligence et l’accompagnement de nos pouvoirs publics, respecter engagements religieux et républicains. Nous ne souhaiterions pas que de nouvelles peurs puissent remettre en cause les principes fondamentaux de notre liberté religieuse », faisant notamment référence à la Charte de la Laïcité récemment entrée en vigueur dans les établissements scolaires.

Le Président du Consistoire a plaidé pour une laïcité « qui rassemble et permette a chacun de vivre ses convictions religieuses », déplorant que les étudiants ayant des examens doivent être contraints de choisir entre foi et loi et dénonçant la remise en cause de l’alimentation casher : « Il est des combats que nous n’imaginions pas mener. Jamais, nous n’aurions pensé devoir débattre avec une sénatrice sous-entendant que des études scientifiques puissent être remises en cause au motif que leurs auteurs ont des patronymes de consonance juive ».

Confiant dans l’avenir, « le Consistoire s’engage ici à construire le projet le plus important depuis la Seconde Guerre Mondiale »,  a déclaré Joël Mergui, avant de remercier la Mairie de Paris, le Conseil Régional d’Ile-de-France et l’Etat qui contribueront au financement du Centre Européen du Judaïsme. Leur implication symbolique et décisive vient « s’ajouter à l’imagination et la créativité de la communauté juive », a expliqué le Président du Consistoire.


« Pour que le judaïsme continue à briller ! », a-t-il conclu avant de remercier Murielle Schor, administratrice du Consistoire de Paris et élue du 17e, Daniel Vaniche, Vice-Président du Consistoire et Alexandre Elicha, Premier membre fondateur, grâce auxquels le Centre Européen du Judaïsme pourra prochainement voir le jour et de rappeler la mémoire du Grand Rabbin de Paris David Messas et du Président du Consistoire Central, Jean Kahn, z’l.

Allocution de M. Joël Mergui, Président du Consistoire

Brigitte Kuster, Maire du 17e arrondissement, dans lequel sera érigé le futur Centre Européen du Judaïsme a exprimé sa satisfaction de voir ce projet de longue haleine aboutir. « Ce n’est pas la première pierre, mais cela y ressemble un peu », s’est-elle exclamée, avant de faire le vœu que la première pierre du Centre Européen du Judaïsme soit très vite posée.

Allocution de Mme Brigitte Kuster, Maire du 17e arrondissement de Paris

Lui succédant à la tribune, Anne Hidalgo, Première Adjointe au Maire de Paris et représentante de Bertrand Delanoë a exprimé son plaisir de retrouver la communauté juive en ce mois de septembre qui célèbre la nouvelle année.

Elle a rappelé l’importance de bâtir un Centre Européen du Judaïsme pour « continuer le travail d’éducation, le travail culturel, qui nous rassemble dans le respect des lois de la République ».

« C’est un moment particulièrement émouvant et attendu », a-t-elle déclaré avant de souhaiter à la communauté juive une belle année, pleine de promesses et de former le vœu que ce centre soit le lieu du rayonnement du judaïsme à Paris et en Europe.

Allocution de Mme Anne Hidalgo, Première Adjointe au Maire de Paris

A son tour, le Grand Rabbin de Paris, Michel Gugenheim, a remercié le Ministre de l’Intérieur de sa présence triplement précieuse, à l’image d’un Traité de Kabbale, le Livre de la Création : « L’univers comporte trois dimensions : le temps, l’espace et la dimension de la personne humaine ».

« Votre présence, Monsieur le Ministre, relie ces trois dimensions. Non seulement vous manifestez votre affection à la communauté juive, mais vous avez choisi le moment le plus décisif et le plus solennel du calendrier juif, la période entre Roch Hachana et Yom Kippour pour vous adresser à la communauté juive à l’emplacement du futur CEJ, symbole de l’avenir du judaïsme français », a déclaré le Grand Rabbin.

« Si notre communauté est rassurée, elle a besoin de sentir que votre vigilance demeure de tous les instants », a poursuivi le Grand Rabbin, s’adressant à Manuel Valls avant de souhaiter que l’on continue de progresser dans cette amitié mutuelle si forte.

Allocution de M. Michel Gugenheim, Grand Rabbin de Paris

Au cours de son allocution, le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a rappelé la tragédie de Toulouse et Montauban. « Le temps passe mais il ne peut pas effacer. Il n’effacera jamais le drame de Toulouse et Montauban. La nation a été touchée en plein cœur, mais grâce à sa cohésion, la nation a pu porter le poids du chagrin et sans rien oublier, elle a su regarder vers cet avenir que nous devons construire », s’est-il ému.

Le Ministre a réaffirmé, à l’instar du Président de la République et du Premier Ministre que l’avenir des Juifs de France était en France. « La République fera tout pour que les souffrances de mars 2012 conservent leur place dans la mémoire nationale. Elle fera tout pour que ces souffrances guident vers plus de projets, de tolérance, plus de sérénité pour les juifs de France », a-t-il garanti.

Répondant au propos de Joël Mergui, Manuel Valls a réaffirmé le droit des juifs de France de pratiquer leur culte dans la sérénité et la mobilisation du gouvernement dans la lutte contre l’antisémitisme. Il a par ailleurs dénoncé l’émergence d’un antisémitisme nouveau, sous couvert d’antisionisme « prospérant dans les esprits perméables d’une partie de la jeunesse des quartiers populaires » et redit son attachement à la laïcité non-ignorante du fait du religieux.

Exprimant sa fierté de se trouver à l’emplacement du futur Centre Européen du Judaïsme, l’un des projets les plus ambitieux de la communauté juive aujourd’hui, « ce projet scellera un peu plus ce lien qui unit le judaïsme à la République », a indiqué le Ministre de l’Intérieur.

Assurant l’Ambassadeur d’Israël que la France continuerait d’œuvrer pour la sécurité de l’Etat d’Israël, Manuel Valls a annoncé la venue du Président de la République en Israël avant la fin de l’année et formé le vœu que les voies de la négociation s’ouvrent pleinement au Proche-Orient.

« Que cette nouvelle année soit pour votre communauté l’occasion de renforcer les liens d’amitié et de solidarité, qu’elle soit marquée par la confiance et le plaisir d’être ensemble. Soyez toutes et tous inscrits dans le Livre de la Vie. Bonné année. Chana Tova », a conclu le Ministre de l’Intérieur.

Allocution de M. Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur