Eyal, Gilad, Naftali par Joël Mergui

Le 30 juin, les corps d’Eyal, Gilad et Naftali sont découverts enfouis sous des pierres dans un champ, les trois adolescents israéliens juifs avaient été enlevés au retour de l’école. Durant plus de deux semaines, tout Israël s’était mobilisé à la recherche des enfants otages. Partout en France, de nos synagogues, était montée la même prière pour qu’ils soient rendus à leurs parents, à leur peuple, à leur vie.

 

Le 19 mars 2012, à Toulouse, Arié, Gabriel et Myriam n’étaient que des tout petits enfants qui allaient à l’école de la République. Ils ont été pourchassés et abattus sauvagement pour la même raison qui a poussé les assassins d’Eyal, Gilad et Naftali à les exécuter : ils étaient juifs.

 

Le 6 juillet 2013, à Mamudo au Nigéria, 41 lycéens ont été assassinés à la grenade dans leur internat. Aujourd’hui entre 200 et 300 lycéennes nigérianes, musulmanes ou chrétiennes sont retenues en otages et menacées d’être vendues ou mariées de force. Parmi les experts internationaux missionnés pour leur recherche figurent deux spécialistes israéliens.

 

En France, en Israël ou au Nigeria, ces enfants, otages ou assassinés, sont les jouets de groupes idéologiques extrémistes qui les utilisent comme des pions anonymes sur l’échiquier de leurs sales guerres contre les valeurs de l’Occident. Quels qu’ils soient les ravisseurs et les meurtriers qui choisissent des enfants comme cibles sont les mêmes. Ce sont des terroristes qui s’abritent derrière le djihadisme et instrumentalisent la religion, pour véhiculer un message de terreur et de haine. Libertés publiques, laïcité, égalités des femmes, droits des enfants, tout devrait être pour eux balayé au profit d’un ordre purement islamiste.

 

A l’heure de la mondialisation et des technologies de pointe, le djihad ne connaît pas de frontières et ses seules limites sont celles que les démocraties lui opposeront ensemble pour dire non. Non à l’idéologie de mort, non à l’exploitation des enfants, aux boucliers humains, aux conversions forcées, aux exactions et aux meurtres, non aux otages, non à un monde sans liberté, sans égalité et sans fraternité.

 

Israël et les Juifs sont les premiers visés mais qu’aucun pays d’Occident, de l’Orient moyen ou extrême, du Nord ou du Sud ne s’illusionne. Nul n’est à l’abri d’une guerre liberticide qui prend des enfants pour cibles et se veut sans frontière pour mieux semer l’horreur et la terreur.

 

Face au danger, notre cohésion et notre solidarité doivent être exemplaires. Ne laissons pas se propager l’idée que la Démocratie serait faible, que nos dirigeants seraient timorés, que nos opinions publiques seraient soumises. Ne laissons pas croire que -pour libres et tolérantes que soient nos sociétés-, la permissivité ou la lâcheté y seraient de règle.

 

La vie humaine n’a pas de prix sinon celui qu’on lui donne. Pour prix de celle de Guilad Shalit retenu prisonnier 5 ans, 1027 détenus des prisons israéliennes -dont certains condamnés pour des attentats meurtriers- ont été libérés. Un symbole fort du Judaïsme qui témoigne de la valeur de la vie. Un avertissement clair d’Israël que l’on ne doit pas toucher à ses enfants. Un symbole exploité comme une défaite lorsque la vie humaine n’a pas plus de prix qu’une herbe arrachée. Un avertissement lourd de conséquences depuis que l’Opération militaire israélienne « Gardiens de nos frères » a découvert les corps des trois adolescents enlevés.

 

L’Homme n’est pas une marchandise, où qu’il soit et la vie ne se monnaye pas, quelle qu’elle soit. En vertu de ce principe très simple en apparence, il nous appartient de toujours rester cohérents et solidaires. A défaut d’unité dans nos propres rangs, la vie de tous les enfants est menacée -sans exception de nationalité ou de religion- et avec eux, l’existence même de notre monde de liberté et de valeurs universalistes.

 

Parce qu’ils étaient israéliens, la presse et certains gouvernements occidentaux avaient évoqué « trois jeunes colons » plutôt que 3 adolescents et tardé à condamner leur enlèvement. Que valaient, à leurs yeux, la douleur infinie des mères et le drame d’une nation ? Cette différence de traitement cautionne la barbarie des djihadistes et fragilise les valeurs de la démocratie.

 

Les Juifs comme Israël ne veulent pas faire figure d’exception. Ils refusent d’être les victimes d’un aveuglement coupable ou irresponsable des nations face aux dangers qui menacent la survie de toutes les démocraties.

 

Opinons publiques, chancelleries et médias seraient bien avisés de méditer le sens politique d’une telle différenciation. Décrire des adolescents passionnés de musique, de basket ou de cinéma, comme des « colons » avec tous les sous-entendus négatifs que ce mot implique, n’est-ce pas refuser de les voir pour ce qu’ils sont, des fils que leurs mères demandaient à la tribune de l’ONU de pouvoir embrasser et prendre à nouveau dans leurs bras ? N’est-ce pas refuser l’horrible réalité et nier qu’ils ont été enlevés et assassinés au seul motif qu’ils étaient Juifs ?