Installation de la communauté de Blois avec le Grand Rabbin de France et le Président du Consistoire

Entre le 26 mai 1171 et le 3 septembre 2020, plus de huit siècles séparent ces deux dates historiques. La première marque le massacre de 36 juifs blésois accusés d’un crime rituel, celui d’utiliser du sang de chrétiens pour fabriquer du pain azyme. La seconde est celle de la renaissance de la communauté juive de Blois. Du moyen âge à nos jours, les juifs en tant que communauté organisée avaient disparu de la ville du roi François 1er.

Pourtant plusieurs familles y vivaient depuis le retour d’Afrique du Nord. Didier Lévy, le nouveau président d’Association Culturelle et cultuelle de Blois, ACCIB, est de ceux-là. Arrivé à Blois à l’âge de deux ans, ses parents fréquentaient la communauté voisine de Tours, dont lui-même est encore membre du bureau. 

Avec le concours de Paul Levy, président du consistoire régional, est né le projet de rassembler les Juifs dispersés du Loir et Cher dans une même communauté. La première réunion organisée sous les hospices du Grand Rabbin de France Haïm Korsia, en juin 2017 a rassemblé une quinzaine de familles. Après quelques réunions dans un local prêté par l’évêché, un an plus tard est créée l’ACCIB. Mais, le local ne répondant pas à l’organisation d’offices, la nouvelle association s’enquiert d’un site plus approprié.

Au bout de deux années de recherches improductives, Didier Lévy et les fidèles de Blois décident d’organiser avec l’aide de la Hazac des offices itinérants au gré des salles louées. Le premier chabbat de ce type se déroulant les 4 et 5 septembre 2020, il est décidé d’officialiser l’installation de la communauté blésoise ce jour-là, jour hautement symbolique, puisqu’il marque la naissance de la République.

La veille du chabbat sous les hospices du Grand Rabbin Haïm Korsia et du Président du Consistoire Central Joël Mergui, sont donc invitées les personnalités de la ville.

Effectivement de nombreux mages se penchent alors sur le berceau de la nouvelle communauté, accueillis par le nouveau président communautaire Didier Levy qui témoigna de l’émotion que suscitait en lui cette cérémonie. Pour le président régional Paul Levy cette soirée marquait le triomphe sur l’obscurantisme religieux et sur la barbarie nazie. Le maire de Blois, Marc Griccourt a souligné l’importance de cette renaissance après tant de persécutions. Le président du conseil départemental, Nicolas Perruchot a rappelé le travail de mémoire qu’il avait entrepris pour souligner les souffrances des enfants lors de la shoah.

Le président Joël Mergui interpella avec un brin d’humour le maire en lui disant la chance qu’il avait d’avoir une communauté juive dans sa commune et son intérêt de lui trouver un local digne pour la pratique religieuse. Il rappela également le caractère exceptionnel de cette création, alors que souvent des synagogues étaient contraintes de fermer leurs portes en raison des territoires perdus de la République qui contraignaient les Juifs à déménager.

Le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, cita la Genèse pour souligner qu’autrefois le Tabernacle se trouvait parmi le peuple, d’où la force que représenterait une synagogue dans la ville de Blois. Le préfet Yves Rousset insista sur l’importance du vivre ensemble dans une République garante de la liberté de Culte.

La soirée se termina autour d’un pot de l’amitié confectionné par Marilyne Levy entourée par les fidèles de la jeune communauté. Autour des personnalités déjà citées, y participaient des représentants de deux mosquées de la ville ainsi que de l‘évêque monseigneur Battu et venu en voisin le rabbin d’Orléans Ariel Engelbert.