Carpentras : un concert dans la plus ancienne synagogue française

Elle célèbre cette année son six cent-cinquantième anniversaire et trois violonistes s’y sont produits le 8 octobre. Si les touristes apprécient le lieu de culte pour sa splendeur, il est aussi fréquenté chabbat par les Juifs de la ville, héritiers d’une longue histoire.

Meyer Benzecrit préside la communauté de Carpentras et d’Orange, deux villes voisines du Vaucluse où résident environ cent cinquante Juifs. Le 8 octobre était organisé un concert à la magnifique synagogue de Carpentras, la plus ancienne de France toujours en activité et qui célèbre son six cent-cinquantième anniversaire (elle date de 1367). Trois violonistes alto étaient à l’honneur : les artistes internationaux Boris Livschitz, Ernst Peterka et Volkmar Holz. Ils ont interprété des morceaux d’inspiration biblique et yiddish composés spécialement pour l’occasion par deux Juifs moscovites, Michaïl Bronner et Leonid Hoffman, et un Arménien d’Erevan, Michaïl Kokzhayev. Le public était visiblement ravi dans cette salle historique qui comprend cent soixante places assises.

Meyer Benzecrit précise que quatre concerts se tiennent désormais chaque année dans la synagogue.

Il faut dire que les initiatives se multiplient sous la houlette de l’Association pour la valorisation culturelle du judaïsme de Carpentras, qui s’inscrit bien dans la ligne de l’opération nationale au long cours intitulée « Vive notre patrimoine ! », voulue et encouragée par le président du Consistoire, Joël Mergui. Cette structure locale œuvre en faveur de la restauration graduée du lieu de prière emblématique du Comtat Venaissin où ont vécu au Moyen-Age les fameux « Juifs du pape », protégés par le Saint-Siège installé alors en Avignon.

C’est le dimanche 28 mai que s’est déroulée la cérémonie officielle marquant l’anniversaire, en présence de nombreuses personnalités. Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a salué ce jour-là « l’enracinement » multiséculaire du judaïsme dans le Vaucluse, après avoir participé à un shabbat communautaire. Mais d’autres manifestations (conférences, expositions…) se sont succédées depuis le début de l’année civile et d’autres encore sont prévues jusqu’en décembre.

Meyer Benzecrit ne cache pas que la rénovation complète qu’il envisage coûtera cher. Le budget n’est pas bouclé et les aides sont évidemment les bienvenues.

La synagogue est le monument le plus visité de la ville. Elle est bondée pendant la saison estivale. On admire son architecture exceptionnelle et elle attire les touristes fascinés par l’histoire des Juifs du Comtat, les seuls de l’Hexagone – avec les alsaciens – qui n’ont jamais été expulsés.

Le bâtiment a été agrandi au 18ème siècle, avec la croissance de la population juive. La façade actuelle date de 1909. La décoration intérieure est un chef-d’œuvre de l’art religieux rococo avec ses ferronneries d’influence italienne. On prie à l’étage. Le rez-de-chaussée, aujourd’hui vide, abritait autrefois un véritable centre communautaire avec un mikvé, une boulangerie casher, un espace de réunion… L’abattage rituel (chehita) s’effectuait dans la cour.

De nos jours, il y a minyan pour les fêtes et le vendredi soir, mais pas toujours le samedi : la synagogue n’ouvre qu’un chabbat matin par mois. Le rabbin Moshé Elfassi, venu de Nice, anime l’office.