Création d’une verrière sur la salle de prières de Troyes

Nous finirons tous mystiques…

 

Cela fait plus de 2 ans que nous avons lancé à Troyes le projet de création de la verrière sur la salle de prières. Cette verrière, installée en remplacement du toit créé par Elie Margen en 1986, avait pour fonction de découvrir des points de vue magnifiques sur les façades en pans de bois et les toitures restaurées d’une des quatre cours de nos bâtiments communautaires.

 

Ce projet, s’il allait bien sûr dans le sens de ce que nous demandait le secteur sauvegardé de la Ville de Troyes et M. Jean Pascal Lemeunier, Architecte des bâtiments de France dans l’Aube, n’allait pas sans poser quelques questions essentielles liées au recueillement dans un lieu de culte et à la nécessité d’une totale discrétion… sous un plafond transparent.

 

Mais ne voyant pas trop comment nous pouvions atteindre ces objectifs tout en donnant du sens à un bâtiment, qui à l’origine, rappelons le, n’était pas du tout une synagogue mais une maison bourgeoise du Centre ville de Troyes, détenue par l’Association Diocésaine de l’Aube, nous avions demandé à l’architecte en charge du projet de verrière, M. François Peiffer, de bien vouloir réfléchir à ce point particulier.

 

Nous lui avions simplement envoyé la phrase de Bilaam, inscrite sur le fronton du tabernacle par M. Abba Samoun en 1986, en lui expliquant, succinctement, le sens de la paracha Balak. Nous étions alors en début 2015.

 

Durant 2 années, les idées et les projets se sont succédés. François Peiffer avait pris rapidement conscience qu’il fallait évoquer une tente dans la synagogue. C’est en cherchant dans de nombreuses directions qu’il finit par découvrir l’œuvre de l’architecte Rudy Riccioti, au musée des arts de l’Islam, dans une des cours du Louvre. L’utilisation d’une sorte de résille métallique composant des vagues et évoquant ainsi la Méditerranée lui permit alors de focaliser son attention sur cette matière très originale, des plaques d’Alu performées offrant toutes les possibilités en matière de création artistique et de conception technique.

 

Associé dans cette recherche à M. Didier Duchène, le projet a pris corps rapidement puis la commande du matériel en Italie a été effectuée. Ensuite, il a fallu que les entreprises sur place (plâtrerie, électricien, peintre, plombier, maçon et charpentier) terminent leur ouvrage, ce qui n’a pas été une mince affaire.

 

Effectivement, chaque entreprise ayant ses propres contraintes et ses propres délais, imposaient aux autres un retard qui progressivement fit se décaler le calendrier d’installation de ce plafond.

 

François Peiffer, René Pitoun et Didier Duchêne avaient beau s’évertuer à faire avancer les choses de leur mieux, ce faux rythme s’est imposé progressivement et l’installation a pris 1 semaine, puis 3 semaines, puis 1 mois, puis 2 mois de retard. Enfin, l’entreprise CMD2 commença début de semaine du 20 juillet l’installation des supports provisoires puis des premiers éléments du plafond.

 

Et là, les choses sont allées très vite puisqu’une semaine suffit à installer l’ensemble des plaques dans une articulation savamment réfléchie par M. Duchêne. Et c’est le vendredi 22 juillet que l’on put admirer enfin cette extraordinaire réalisation. Nous étions tout à fait satisfaits de voir enfin, cette résille hors norme sous nos yeux, mais c’est très interloqués que nous nous sommes aperçus concomitamment, que le chabbat suivant, était justement celui de la Parasha  Balak, celle là même qui avait inspiré l’architecte.

 

Alors que nous pensions être très en retard dans notre planning, comme par hasard, l’installation de ce plafond prodigieux tomba juste pour la lecture de la parasha Balak, le jour même où l’une des plus belles phrases glorifiant le peuple des hébreux fut dite dans le monde entier : « Quelles sont belles tes tentes Ô Jacob, tes demeures Ô Israël ».

 

Nous le savons tous: « Dans le judaïsme, il n’y a pas de hasard, c’est D. qui s’amuse ».

 

Cela fait des années que nous avons entrepris ces travaux et c’est quasiment toutes les semaines que nous lui donnons l’occasion de s’amuser… et bien sûr, il en profite. De quoi vraiment devenir définitivement mystique.