Décès de la rabbanit Esther Jungreis

Le 23 août dernier, la communauté juive internationale a eu le malheur d’apprendre le décès de la rabbanit Esther Jungreis. Cette pionnière du Kirouv (rapprochement au judaïsme) dans le monde, s’est éteinte à la suite d’une pneumonie à l’âge de 80 ans.


Sa vie, loin d’être un long fleuve tranquille, a été parsemée d’obstacles et des réalisations aussi spectaculaires que difficiles. Née en 1936 en Hongrie, la rabbanit est la descendante d’une longue et prestigieuse lignée de rabbins. Déportée à Bergen-Belsen alors qu’elle n’était encore qu’une enfant elle a ensuite rejoint les Etats Unis avec sa famille après être passé par un camp de transit en Suisse.


Redorant le blason du titre de « rebbetzin » (terme Yiddish désignant la femme d’un rabbin), elle a combattu toute sa vie l’assimilation, l’extrémisme religieux et la sécularisation. A cet effet, elle avait notamment organisé en 1973 une grande manifestation au Madison Square Garden, réunissant près de 10 000 personnes, afin de créer un vaste mouvement de réveil au judaïsme. Elle est également la fondatrice de l’organisation Hineni (terme hébreu dignifiant « Je suis ici » et faisant référence aux réponses d’Abraham à D. ieu dans la Genèse), qui face à son succès, est rapidement devenue une organisation internationale.


Sillonnant le monde entier pour contrer ce qu’elle nommait l’ « Holocauste spirituel », la rabbanit a lutté à travers ses discours, ses voyages (aussi bien sur les campus universitaires que dans plusieurs villes du globe) et avec ses publications contre l’assimilation ravageant notamment la population juive américaine.


Ses livres, des leçons de Torah appliquées à la vie moderne, se sont vendus à plusieurs millions d’exemplaires dans le monde. « Une flamme ardente : l’âme juive », « Une vie engagée », « Un Mariage engagé » et « La vie est un test » ont connu un franc succès. C’est à l’occasion de la sortie en français de son best-seller « Une flamme ardente : l’âme juive » en 2012, que près de 700 personnes étaient venues entendre la conférence de la rabbanit à la grande synagogue de la Victoire sur le thème « Renforcer son identité ».


Son engagement et sa persévérance auprès de la communauté juive ont également été salués par des dirigeants du monde. Parmi eux se trouvaient des notables tels que l’ancien Premier ministre israélien Ména’hem Begin et le président George W. Bush qui lui a proposé en 2008 de faire partie de sa délégation partant à Jérusalem afin de célébrer le 60e anniversaire de l’Etat d’Israël.


C’est toute une génération, influencée par la personnalité hors du commun de la rabbanit, qui a pleuré la perte inestimable de cette grande dame pour le peuple juif.