Inauguration d’un Ovni dans le ciel de Troyes : la Maison Rachi

Cette exposition permanente sur l’œuvre du maître champenois dans un décor juif médiéval reconstitué rend le voyage encore plus attrayant pour les pèlerins d’Israël ou de la diaspora, mais aussi pour tous les non-juifs se rendant chaque année dans la ville.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, l’un de ses prestigieux prédécesseurs, le grand rabbin René-Samuel Sirat, accompagnés d’élus, de responsables juifs nationaux et locaux – dont le président de la communauté, Joseph Kadouch – ont inauguré le 10 septembre la Maison Rachi de Troyes (Aube).


Haïm Korsia a remarqué en substance que cet espace d’exposition consacré au maître champenois du Moyen-Age et commentateur du Talmud pouvait réunir Juifs et non-Juifs, tant sa renommée est étendue désormais dans tous les milieux. Quant à René-Samuel Sirat, venu pour l’occasion d’Israël (où il réside depuis sa retraite), il a rappelé son engagement en faveur de l’Institut Universitaire Rachi situé dans la même ville – mais indépendant de la communauté organisée -, qu’il avait fondé en 1989 et présidé. Il a manifesté son émotion devant les vidéos didactiques, tableaux et archives numérisés visibles dans la Maison : un « pont » remarquable, s’est-il félicité, entre les 11ème et 21ème siècles.


Momy Assaraf a été désigné « ambassadeur » pour la presse du nouveau musée. Troyen depuis 1956, c’est le petit-neveu du grand rabbin Abba Samoun zal, qui a longtemps officié ici. Aujourd’hui, il est fier de la réalisation d’un vieux projet : permettre aux milliers de pèlerins se déplaçant dans la région chaque année, en provenance d’Israël et de toute la diaspora, et aussi aux touristes non-juifs de disposer de lieux suffisamment bien dotés en archives, souvenirs, iconographie, etc. pour rendre leur séjour passionnant. Il s’agit évidemment de multiplier le nombre de visiteurs.


Une étape a été franchie en septembre 2016 avec la rénovation de la synagogue. Grâce aux fonds collectés, le Centre Culturel Rachi dont René Pitoun, président et maitre d’ouvrage, a pu mener à bien ce prodigieux projet, aidé à la fois par les pouvoirs publics et par de nombreuses institutions juives ou non, la Fondation Edmond J. Safra, Fondation Matanel, Fondation Rothschild, ARIF, Fondation du Patrimoine et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le consistoire et de très nombreuses entreprises et particuliers. C’est une création ex nihilo, dans la mesure où nul ne sait où se trouvait la véritable demeure du fameux talmudiste. Au demeurant, les traces de la vie juive médiévale ont disparu après des incendies et dégradations à répétition. La synagogue actuelle, elle, a été fondée par deux familles troyennes, les Blum et surtout Isidore Frankforter, qui ont acheté à cet effet, en 1961, un bâtiment appartenant au…. Diocèse de l’Aube. Le judaïsme local a été réactivé à cette époque, comme ailleurs dans l’Hexagone, avec l’arrivée des séfarades du Maghreb.


Hormis un vitrail majestueux, véritable œuvre d’art de Flavie Vincent-Petit, retraçant la descendance de Rachi, la Maison Rachi se caractérise par la création d’une magnifique bibliothèque immersive qui plonge émotionnellement le visiteur dans l’œuvre de Rachi, mais aussi d’une exclusivité numérique à l’étage puisqu’un Sefer Torah complet a été numérisé et mis à disposer sur des tables digitales. Tous les mots deviennent interactifs. Ils donnent certes accès à une traduction, mais aussi aux commentaires de Rachi, et des commentateurs pré et post-Rachi, le tout en 3 langues, anglais, français et Hébreu.


Cette Maison Rachi est à l’image de son mentor : Elle apporte à la France le meilleur du judaïsme. Elle est assurément un véritable OVNI dans le ciel de Troyes.