Le Grand Rabbin de France à la première journée fédératrice du réseau scolaire de l’Alliance Israélite Universelle

Le Grand Rabbin de France a participé le 28 janvier à la 1ère journée fédératrice du réseau scolaire de l’Alliance israélite universelle (AIU) qui réunissait les personnels enseignant et administratif des écoles de l’AIU en France, en Europe et au Maroc. Cette journée était articulée autour du thème « Demeurer une école juive et citoyenne dans un monde en transition». 

Après avoir réagi aux propositions pédagogiques formulées par les 250 participants en réponse à la question « Comment former de jeunes juifs engagés dans la Cité ? », le Grand Rabbin a dialogué avec Marc Eisenberg, Président de l’AIU. La conversation s’est orientée sur la question de l’accueil des élèves dans les écoles de l’Alliance. Et plus précisément : « Doit-on exiger la ketouba ? Quelles réponses donner aux enfants dont seule la mère ou seul le  père est juif ? 


M. Eisenberg a résumé la position de l’Alliance de la manière suivante: « Il s’agit d’une question numériquement marginale mais symboliquement forte. Sans faire de révolution ni évidemment changer la Halakha, on ne peut refuser l’accès à l’école juive à un enfant dont le père juif est engagé, sans contradiction avec la mère, dans une démarche sérieuse et authentique de transmission du judaïsme et une proximité  avec la communauté ».

A ces interrogations, le Grand Rabbin de France a répondu comme suit : « Comment définit-on l’identité d’une école et qui on accepte ? Je n’ai pas de réponse magique. On restait sur une formule qui demandait la ketouba aux parents, ce qui de vous à moi ne me semble pas opportun…Je ne suis pas contre ce système, mais il peut conduire à rejeter un enfant halakhiquement juif, dont la mère est juive et le père est non-juif. Dans ce cas, l’enfant est juif halakhiquement mais n’a pas de ketouba. Il faut toujours introduire de la réflexion dans l’application de la règle. Prenons le cas d’un enfant dont le père est juif et porte un nom juif comme ‘Cohen’ ou ‘Benichou’ et dont la mère n’est pas juive. Comment lui dire qu’il n’est pas juif alors que les professeurs de kodesh sont en mesure d’expliquer à l’enfant que si les hébreux sont restés hébreux en Egypte, c’est uniquement parce qu’ils ont gardé leur langue, leur habitudes et leur nom. Le nom est constitutif de l’identité juive ». 

Ce constat a poussé le Grand Rabbin Korsia à développer une procédure dite de « régularisation ». Il l’explique ainsi : « Cette procédure, que je soutiens depuis mon élection, s’inscrit dans le cœur même de ce qu’est le judaïsme. La position qui est la nôtre par rapport à cet enfant, ne peut pas être de lui dire ‘on va te convertir mais de lui dire on va te régulariser’. Ce n’est pas qu’une question sémantique. Dire qu’on le régularise, c’est reconnaître qu’il porte en lui une part du destin du judaïsme et qu’il a sa place dans une école juive à condition qu’il dise ‘je le veux’».

Le Grand Rabbin a en outre insisté sur l’importance de l’accompagnement de ces enfants. Il a par ailleurs précisé que lorsqu’un directeur d’établissement doit opposer un refus, car « dans l’état actuel des choses accepter l’enfant créerait un hiatus entre ce qu’il vit chez lui et ce qui lui serait transmis à l’école », sa réponse doit pouvoir conduire à « une élévation, une progression » .