Montpellier : Cérémonie de commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv

Discours prononcé par Alain Zylberman :

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Maire,

Messieurs les représentants des autorités religieuses,

Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations des Déportés,

Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations et d’institutions,

Mesdames et Messieurs,

 

Il y a plus de 70 ans, au matin du 16 juillet 1942, 13.152 personnes dont 4.115 enfants étaient arrêtées par des policiers français à leur domicile dans le cadre de l’opération « Vent printanier ». Les adultes sans enfants furent amenés à Drancy, les autres rassemblés au Vélodrome d’Hiver, prison provisoire à ciel ouvert. Durant 5 jours, tous durent survivre dans la promiscuité, sans nourriture et avec un seul point d’eau, avant d’être conduits vers Drancy, Beaune-La Rolande ou Pithiviers, ultime halte avant l’enfer : Auschwitz.

La France, patrie des Lumières et berceau des Droits de l’Homme, a commis l’irréparable, l’innommable, l’indicible. Elle a commis un « crime en France, contre la France et ses valeurs » comme l’a si bien rappelé le Président de la République, François Hollande, lors de son allocution l’année dernière.

 

Nous sommes réunis aujourd’hui pour honorer la mémoire de ces 13.152 personnes et celles des 6 millions d’âmes victimes de la barbarie nazie.

Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous souvenir de leur tragique destin, poursuivre le travail de mémoire et transmettre leur histoire aux jeunes générations.

 

Aujourd’hui plus que jamais, il est de notre devoir de faire connaitre la Shoah à nos enfants. Il est édifiant que 42% des Français âgés de 15 ans et plus déclarent n’avoir jamais entendu parler du Vel d’Hiv, d’après un sondage CSA-UEJF publié en 2012.

Aujourd’hui plus que jamais, l’école de la République, dont la mission est d’éduquer et de donner des clés de lecture, ne peut faire l’économie de cet enseignement.

 

Et, pourtant. Cette année encore, des enseignants n’inculqueront pas la Shoah à leurs élèves. Dans certains établissements scolaires, il est aujourd’hui totalement impossible de parler, d’évoquer même la Shoah. Au lycée consulaire de Jérusalem, le proviseur a invité les professeurs à ne pas respecter la minute de silence pour Yom HaShoah, à ne pas imposer des débats sur le sujet craignant « de déclencher des réactions violentes et des polémiques ne pouvant que blesser les uns et les autres ».

 

70 ans après la rafle du Vel d’Hiv, l’antisémitisme latent perdure et fait des ravages au quotidien, exacerbé par la crise économique et la montée des extrêmes.

L’année passée, Myriam Monsonego, Arieh, Gabriel et Jonathan Sandler sont morts aux abords d’une école parce que Juifs – victimes d’une haine antisémite abjecte.

Il y’a quelques semaines à La Rochelle, dans l’enceinte même de l’Université, était jouée une pièce de théâtre qui véhiculait stéréotypes et préjugés antisémites sous couvert de liberté d’expression et de second degré.

Quand mettrons-nous enfin un terme à cette effrayante banalisation de la Shoah ? Combien de ces gestes faudra-t-il encore dénombrer pour que les consciences s’éveillent véritablement?

Non, il ne faut pas s’accommoder de telles violences. Non, les dénoncer ne suffit pas. Il est urgent d’agir !

 

Aujourd’hui plus que jamais, il est impérieux de rappeler la terrible singularité de la Shoah, de lutter contre le négationnisme, l’antisémitisme et l’antisionisme. La sécurité des Juifs de France, déclarée « cause nationale » par le Président de la République en octobre dernier, doit passer par une mobilisation de tous les jours, de tous les instants, une répression sans compromis sur le terrain, mais aussi et surtout, la mise en œuvre d’actions préventives et de projets éducatifs à destination de nos enfants, citoyens français de demain.

 

« Plus jamais ça ! » certes, mais pour toujours également, maintenons vivante la flamme du judaïsme, permettons aux communautés juives de France et d’Europe de s’épanouir et de prospérer. Après le cataclysme de la Shoah, nous comptons sur chacun d’entre vous pour que la vie juive qui s’est reconstruite puisse se perpétuer dans notre pays, dans le respect de ses traditions millénaires