Nevers : Commémoration de la Rafle du Vel d’Hiv

Discours prononcé par M. Daniel Bernstein, au nom du Président de la communauté juive de Nevers, M. Jean-Charles Amsellem.


Dans la Nièvre, la grande rafle s’est déroulée quelques jours avant celle de Paris le 13 juillet 1942. 32 arrestations et déportations furent alors opérées dont les noms figurent depuis 2012 sur cette plaque parmi les 123 victimes de cette période pour notre département.

Ah si les murs pouvaient raconter ce qu’ils ont vu ! A titre d’exemple, évoquons ceux de la rue de Nièvre à Nevers, dont les numéros 36, 56 et 60 abritaient des magasins appartenant à des propriétaires juifs.

Ce Numéro 60 abrite aujourd’hui un très sympathique restaurant. Le bâtiment avait été acheté en 1937 par Israël Marczak qui y ouvrit un commerce de bonneterie à l’enseigne « chez Izy ». La famille logeait dans l’appartement contigu et à l’étage. L’affaire était prospère. Puis vint la guerre, et le propriétaire d’origine polonaise s’engagea dans la légion étrangère pour la durée du conflit. De nombreux juifs furent ainsi « engagés volontaires ». Beaucoup comme mon père Max Bernstein estimaient avoir une dette envers la France qui les avait accueillis.

De retour à Nevers, Israel Mazach est soumis aux lois antijuives qui le spolièrent de son moyen d’existence dès le 26 décembre 1940 : son magasin fût bradé, sous la menace faite par l’administrateur de dénonciation à l’oocupant, la famille dût abandonner l’appartement en y laissant tous ses biens pour trouver refuge chez Simon Lewkovic (frère de Golda Marczak) qui demeurait, 10 rue du rivage.

Israel Marczak tenta pour survivre de se faire livrer des marchandises, et ce fût alors pour cette faute que commença le harcèlement : plaintes à son encontre par l’administrateur provisoire du magasin, interrogatoires par un commissaire entièrement dévoué à l’antisémitisme d’état, enquête auprès de l’usine textile de la ville de Troyes qui avait été contactée.

Ce cauchemar cessera quand un autre commencera ce 13 juillet où la famille sera arrêtée, regroupée avec les autres victimes à l’école du parc, puis acheminée à Pithiviers et ensuite à Auschwitz où Izy décédera 3 mois plus tard, le 19/10/1942. A ceux-là comme à tous les autres, nous sommes venus dire que la Nièvre n’oublie ni leur calvaire, ni leurs noms……. »