Nice, championne des Journées européennes de la culture juive
Le colloque du 25 octobre intitulé « Diasporas et universalité » était l’une des dix manifestations de cet automne organisées conjointement par l’Université juive Jean Kling et la municipalité, avec le soutien du Consistoire.
Les Journées européennes de la culture juive sont particulièrement étoffées dans les Alpes-Maritimes, avec dix événements cet automne, record de France. Elles sont organisées par l’Université Jean Kling (du nom de l’ancien grand rabbin de Nice de 1974 à 1993), une structure associative qui délivre des cours de philosophie ou d’histoire juives, et par la municipalité de Nice, avec le soutien du Consistoire et de la communauté. La coordination est assurée par Régine Bessis, spécialiste de l’événementiel et membre du B’nai B’rith local. Ces Journées font découvrir le patrimoine israélite provençal à une foule de curieux, dont beaucoup de non-Juifs.
Le 25 octobre s’est tenu dans ce cadre un colloque au Centre universitaire méditerranéen, qui dépend de l’académie de la métropole azuréenne. Il était inscrit dans le programme des Journées du Consistoire. Le président régional de l’institution, Maurice Niddam, était présent. A ses côtés, Rudy Salles, adjoint au maire.
Le colloque a été préparé par les animateurs et enseignants de l’Université Jean Kling, la professeure de philosophie Patricia Trojman et le politologue Avraham Vanwetter, sous l’intitulé : « Diasporas et universalité ». Une centaine de personnes y assistaient. Elles ont écouté avec attention les interventions des trois personnalités invitées : l’ex-ambassadeur d’Israël en France et aux Nations Unies, Yehouda Lancry, l’historien des religions, Stéphane Encel, et Simonetta Tombaccini, historienne et archiviste. Elle est l’auteure d’un livre passionnant paru en 2016 : « La Nation hébraïque de Nice – Populations, institutions, moeurs 1814-1860 » (chez l’éditeur Acadèmia Nissarda). Elle a insisté lors des débats sur l’apport irremplaçable du judaïsme au développement de cette pointe sud-est de l’Hexagone qui a longtemps été italienne, rappelant que l’existence d’une communauté organisée remonte ici au 11ème siècle (au moins !).
Yehouda Lancry a évoqué la figure de Paul Claudel, grand dramaturge catholique (1868-1955) qui a reconnu la vocation universelle du peuple juif, sans se démarquer toutefois des préjugés en vogue à son époque ni de la fameuse doctrine du « Verus Israël », autrement dit du « vrai Israël » que représenteraient l’ensemble des chrétiens.
Quant à Stéphane Encel (frère du géo-politologue Frédéric Encel), il a souligné à quel point les prophéties bibliques de Jérémie avaient facilité la « spiritualisation » des Hébreux et la pérennité de leur religion après la destruction du Second Temple, durant un exil de deux mille ans. Il a également loué les vertus « diasporiques » de Philon d’Alexandrie, ce penseur juif hellénisé du début de l’ère commune, exilé volontaire qui a pu rendre compte de l’épopée d’Israël depuis l’extérieur, avec un œil original parce que distancé.