Près de 400 personnes se sont donné rendez-vous dimanche 4 septembre à la Synagogue Rachi de Troyes, pour honorer de leur présence les bâtiments restaurés de ce superbe édifice du centre ville, dont de nombreuses personnalités qui ont ouvert les festivités : le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, le Président du Consistoire, Joël Mergui, la préfète de l’Aube, Isabelle Dilhac, le président de la région Grand Est, Philippe Richert, Mme Elisabeth Philippon, représentante du président du Conseil départemental de l’Aube Philippe Adnot et le maire de Troyes, François Baroin.
La visite des 2000 m² de bâtiments datant des 16e au 19e siècles, dont les premiers et seconds étages ont été restaurés, et la découverte d’un oratoire et d’un beit hamidrash médiévaux reconstitués, ont conquis les invités.
L’esprit de paix et de haute élévation spirituelle qui régnait sur cette journée magique laisse présager de très beaux lendemains à ces lieux inimaginables créés en plein coeur de Troyes et du succès pour les projets patrimoniaux de la Synagogue qui prévoit prochainement l’ouverture d’un Centre d’interprétation de l’oeuvre de Rachi et des animations culturelles variées pour les visiteurs venus du monde entier.
La journée s’est terminée par une extraordinaire conférence inaugurale du Rabbin Marc-Alain Ouaknin, sur le thème « Penser avec Rachi : de la Fraternité des frères à la Fraternité des peuples ».
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La Sphère Rachi: un concentré d’âmes juives
S’il y a bien des lieux qui inspirent les hommes et révèlent de grandes destinées, la ville de Troyes fait partie de ceux là. L’âme du grand Rachi y est en fait encore présente et se manifeste au quotidien.
En centre ville, la synagogue en elle même est un lieu unique. Déjà, Albert Blum et Isidore Frankforter, deux présidents symptomatiques d’une génération de dirigeants communautaires ayant eu à affronter la guerre, puis la Shoah, puis l’après Shoah, y avaient trouvé le moyen de créer, de protéger puis de faire revivre la communauté juive. Au travers de leur présidence respective, l’expression de leur âme profondément juive ne faisait aucun doute.
Ainsi, le lieu de prière a aussi été implanté après de multiples pérégrinations dans une ancienne maison bourgeoise transformée en Synagogue puis agrandie par Élie Margen et Henri Cahen au gré de l’expansion du nombre des fidèles. L’entretien des bâtiments ensuite était assuré avec les moyens du bord par Mrs Mezrahi, Serrouya, Kadouch, Gozlan et Aïdan. Et tout naturellement, leurs âmes juives se révélaient progressivement, tout au long de leur mandat.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
A l’aube de l’inauguration officielle de nos bâtiments restaurés, il est temps de se remémorer le chemin parcouru et de revenir sur l’impulsion originelle donnée par le porteur de ce remarquable projet autour de Rachi.
Tel Gaudi réalisant la Sagrada Familia à Barcelone, un homme a pris l’initiative folle, puis a porté à bout de bras ce projet extraordinaire de restauration de A à Z. Habité par une vision personnelle de ce que l’on pouvait faire de cet incroyable bâtiment et laissant libre cours à une imagination sans limite, tout en appréhendant parfaitement les énormes difficultés budgétaires et organisationnelles de son projet, il balançait au quotidien entre la nécessité de parvenir à avancer et le doute sur sa capacité à aller au bout de son rêve.
Son idée, inspirée de ses nombreuses discussions avec Henri Cahen et Elie Margen, et de ses rencontres avec des universitaires de l’institut était de rendre à Rachi sa maison. Cela pouvait apparaître complétement irréaliste au commun des mortels tant il ne reste aucun vestige à Troyes de la vie du 12ème siècle. Prenant en charge non seulement les relations avec les architectes et les entreprises, mais aussi avec les financeurs privés et publics et les collectivités locales, il a eu à cœur de porter seul son projet et de mener à terme cette partition là où tant d’autres auraient abandonnés depuis bien longtemps.
Presque abouti, ce projet aura révélé en tout cas que René Pitoun, vice président de la communauté israélite de Troyes et du centre culture Rachi a ainsi librement exprimé son âme juive, dans une vision personnelle qui deviendra progressivement, avec le temps, une vision universelle dans la communauté juive mondiale.
La nouvelle Sphère Rachi
Allant au bout de son émerveillement pour Rachi et voulant rendre hommage à tous ses prédécesseurs, et après la majestueuse verrière de François Peiffer et la reconstitution de l’oratoire et du beth hamidrach médiéval, une troisième œuvre exceptionnelle viendra très bientôt structurer davantage encore son projet.
Comme un concentré d’âmes juives, la Sphère Rachi, installée dans la grande cour, représentera toute l’histoire du judaïsme à Troyes, évoquant tout à tour, Moïse et Rachi, René Samuel Sirat (instigateur avec Raymond Moretti et Robert Galley, de la boule Rachi), Abba Samoun et tous les dirigeants de cette communauté dont nous fêterons bientôt le 110 ème anniversaire.
C’est le sculpteur Jean-No qui vient de réaliser cette œuvre d’art en s’inspirant de l’écriture Rachi, inventée par l’imprimeur Boomberg en 1475 et bien sûr de l’écriture sacrée de la Torah. Elle constituera un des points forts de la Maison Rachi, si chère à René Pitoun. C’est d’ailleurs La Fraternelle « Hévra Kadicha » qui en a été le commanditaire et qui en fait cadeau à l’Association Communautaire Israélite.